« Mec, actives toi, on va être à la bourre ! » crie Revan en bas des escaliers. Il m'emmerde avec ses horaires et sa phobie d'être en retard ! Certes, nous avons les répétitions pour le gros concert de ce soir dans une heure mais ça va, on va y arriver à l'heure. Moi, c'est Aiden. J'ai vingt ans, toutes mes dents, et je vis à Seattle depuis... depuis toujours en fait. Je suis né ici, j'y ai grandis, et finalement on s'y fait bien. Je n'ai pas réellement envie de quitter cette ville, j'ai tout ce qu'il me faut ici. Des amis hors normes, mon groupe de musique, des fans, l'université, une pizzeria, mes parents et ma soeur. Que demande le peuple ? Pas grand chose de plus, une copine peut-être... mais ça c'est un sujet sensible.
Je n'ai jamais eu de soucis familiaux, faut dire que j'ai une famille plutôt simple. Maman est infirmière, papa responsable financier dans une des plus grosses boites de la ville, ma soeur Alyx est lycéenne et élève modèle, rien de bien compliqué en soit. Pour ma part, je suis étudiant en marketing et je fais de la musique le plus clair de mon temps. Je parlais de mon groupe, un peu plus tôt, mais aussi du concert de ce soir. Ouais, ça va être énooormissime. Notre groupe s'appelle A Thousand Lights, surnommé ATL par les adeptes. Nous sommes une bande de quatre potes rencontrés au lycée, et aujourd'hui alors que nous nous rapprochons de l'âge légal pour enfin boire légalement, nous commençons à percer dans le milieu.
« C'est bon j'arrive ! » répondis-je à Revan en terminant de fermer l'étui de ma guitare, puis je dévale les escaliers et saute dans la voiture après un dernier geste de la main à ma mère, debout sur le seuil de la porte. Ce soir, c'est notre plus grosse date, le plus gros concert que nous n'avons jamais fait et qui déterminera notre futur dans le monde de la musique. J'ai hâte, mais je suis aussi terrifié à la fois.
• • •
Tout s'est bien passé, j'ai réussi à garder le contrôle de mes émotions et le concert s'est déroulé à merveille, la foule était en délire, et nous étions aux anges. Alors que je range mon matériel, je sens une présence derrière moi, mais avant même que je me retourne une voix parvient à mes oreilles.
« C'était génial, Dean, bravo. » Elle. Comment ose-t-elle ? Je fais volte-face brutalement et croise son regard océan. C'est bel et bien elle, et elle me sourit naïvement.
« Qu'est-ce que tu fous là ? Je t'ai déjà dit que je ne voulais plus te voir. » Elle. Elle qui m'avait brisé le coeur, qui m'avait détruit à petit feu avant de m'abandonner en me laissant pour mort.
« Mais Dean je.. » « Dégages ! » Ma voix est dure, mon ton brutal, mon regard lance des éclairs et mon corps tout entier est tendu. Elle baisse les yeux, pince des lèvres et fait demi-tour. Elle me connaît, elle sait que je n'hésiterais pas à la faire partir moi-même s'il le fallait.
« Eh mec, ça va ? » Je fulmine alors que Revan pose sa main sur mon épaule. Je murmure un "laisses moi tranquille" et m'enfonce dans les coulisses à la recherche de solitude. Pourquoi fallait-il qu'elle gâche un moment comme celui-ci ? Tout était parfait, tant qu'elle restait en dehors de ma vie, de ma vue.
Une heure plus tard, me voilà dans la ruelle où donnent les coulisses de la salle. Les gars ont fini de signer des autographes et rangent leurs affaires. Pour ma part, j'attend quelqu'un.
« Le paiement. » Je sursaute alors qu'il se tient là, juste derrière moi, une capuche lui cachant le visage. Je lui tend l'enveloppe, il l'ouvre et compte avant de me tendre le sachet de poudre blanche. Pas un mot de plus, il s'en va, et je reste un instant seul dans la ruelle. C'est sa faute, tout est sa faute.