C'était notre première journée de classe neige, il faisait super beau, le ciel était bien bleu et la neige semblait bonne. C'était la première fois que j'allais skier ici, en faite : c'était la première fois que j'allais skier sur le continent Américain, du coup j'avais vraiment hâte d'aller essayer les pistes. Cette impatience m'avait mise de bonne humeur. J'étais aller prendre un café avec de amis, puis j'avais demandé à Athénaïs d'aller me chercher mes skis et de me rejoindre près des télésièges. Seulement voilà, les vingts minutes que j'avais pris pour boire mon café brûlant et aller au point de rendez-vous n'avaient, visiblement, pas suffit à Athénaïs, qui n'était toujours pas là. Et quand enfin je la vis apparaître avec mes skis (et les siens accessoirement) ma bonne humeur avait depuis longtemps disparu pour laisser place à de l'agacement.
« T'en a mis du temps ! »  Râlais-je en lui arrachant les skis des bras. C'est fou ce qu'elle pouvait être lente parfois ! Autant pour me ramener mon café, elle était étrangement rapide, mais pour le reste elle était deux de tension ! Et s'il y avait une chose que je détestait c'était attendre... surtout attendre pour presque rien. « Un peu de sport ne te fera pas de mal... » lâchais-je en fixant mes skis. « t'es tellement lente parfois on croirait une grand-mère, c'est pas possible. » Ajoutais-je. Je n'étais pas tout le temps désagréable avec elle, non en faite en général j'étais plutôt sympa. Et quand j'étais blessante c'était pour deux raisons : soit elle l'avait cherché, tout simplement. Soit ce que je disais semblait vexant en anglais alors qu'en coréen : ça ne l'était pas du tout ! (Et bien sur, Athénaïs était trop bête pour apprendre le coréen donc je n'avais d'autre choix que de lui parler en anglais...). Sinon le reste du temps j'étais adorable avec elle ! Enfin... j'étais sympa quoi.... quand je ne lui demandais pas de faire trois-milles trucs pour moi...

Athénaïs avait toujours aimée la neige, cela lui rappelait ces doux hivers en compagnie de son frère, tout deux se livrant bataille à coup de boule de neige, l'odeur des crêpes que leur mère avait préparée avec tout son amour pour ses deux petits anges, après que l’aîné est une fois de plus laissé gagner sa petite sœur. Ses souvenirs la rendaient nostalgique... Lexie lui avait donnée rendez-vous vers les télésièges, pourtant, Athénaïs prenait tout son temps, laissant vagabonder son esprit, en oubliant le paysage et le bruit de ses pas dans la neige. "Chrouink Chrouink..." Elle leva enfin ses deux gobilles bleu, croisant ceux de braise de la petite Coréenne, elle ne saurait dire le temps qu'elle avait mit pour se rendre ici, de toute évidence, beaucoup plus qu'elle ne pensait. Son coeur s’accéléra, tout comme le rythme de ses pas. Arrivée à sa hauteur, elle s’emmêla les pieds dans les deux pairs de Ski, manquant de tomber sur son amie. Elle lui sourit, espérant calmer le jeu, mais Lexie cracha son venin. « T'en a mis du temps ! Un peu de sport ne te fera pas de mal...  t'es tellement lente parfois on croirait une grand-mère, c'est pas possible. » Athénaïs lui tendit ses skis, ou plutôt, Lexie lui arracha des mains. Elle la laissa parler, inutile d'essayer, elle ne remporterait pas la manche. La petite blonde baissa les yeux, ses bottes étant beaucoup plus rassurante que les prunelles noisette qui se trouvaient en face. "Excuse moi Lexie, le paysage étaient tellement beau - Elle sourit - que j'en est perdu la notion du temps..." Elle imita la jolie brune et chaussa ses deux skis,  avant de faire la queue pour emprunter un télésiège. "Merci Lexie, d'avoir pensée à moi pour cette balade !" Au fond, elle savait qu'elle n'était qu'un pion, mais n'était-ce pas ce qu'elle avait toujours été ? Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de témoigner de la gentillesse à son égard. Elle savait que si on cherchait bien, il y avait quelque chose de bien... ... Tout au fond...

« Excuse moi Lexie, le paysage étaient tellement beau, que j'en ai perdu la notion du temps... » J'échappais un soupire agacé. Qu'est ce qu'elle pouvait être fleur bleu celle là, ce n'était que des montagnes enneigées ! Je commençais à glisser lentement jusqu'au télésièges quand je l'entendis me remercier. Je me retournais pour la regarder, perplexe. « Pas besoin de me remercier pour ça....  » Dis-je à mi-voix. On aurait cru une sorte d'esclave qui remerciait son maître pour lui avoir donner un bout de pain rassi. Si je l'amenais ici c'était seulement parce que c'était elle qui portait mes affaires ! Enfin ça, c'était la version officiel. Officieusement c'était parce que je n'avais personne d'autre avec qui y aller, et parce que, que je veuille bien l'admettre ou non, la compagnie d'Athénaïs ne m'était pas désagréable. Bon... elle s'habillait comme une bohémienne et n'était pas très jolie, mais elle était profondément gentille, ce qui changeait des personnes que je fréquentais le reste du temps. Contrairement aux autres elle ne restait pas avec moi parce que j'étais populaire, mais parce que je le lui demandais. Donc... Soit elle avait vraiment peur de moi et n'osait pas partir, soit elle n'avait vraiment aucun autre amis... Mais elle n'avait pas à se plaindre. Elle passait plus de temps avec moi que n'importe qu'elle autre personne et c'était de loin celle à qui je faisais le plus confiance, bien que je ne sache pas grand chose d'elle...
Après avoir attendu quelques minutes, nous nous installions enfin sur l'une de ces banquettes inconfortables. La personne en charge des télésièges baissa la barre de sécurité et notre télésiège partit enfin. C'était certainement ce que j'aimais le moins dans une station de ski: être assise à plusieurs mètres de haut, les pieds dans le vide. J'adorais glisser, prendre des pentes à plus de soixante-dix kilomètre heure, mais attendre une dizaine de minute sur un télésiège: non. Pas très rassurée, je m'approchais presque instinctivement d'Athénaïs, attrapant son bras pour m'y cramponner. Elle contemplait, une fois de plus, le paysage, l'air émerveillé, alors que moi je regardais en bas, la boule au ventre, n'attendant qu'une chose: que l'on arrive.

« Pas besoin de me remercier pour ça....  » Elle sourit. Encore. Athénaïs n'arrête jamais de sourire. Pour elle c'était comme respirer, cela lui était naturel, même si ça lui donnait un air terriblement niais. Lexie était si patiente avec elle... Comment pouvait-elle trahir son amie ?! Son sourire s'effaça, la bile lui montant à la gorge. Si un jour elle venait à l'apprendre... Elle baissa la tête afin que la jeune brune ne décerne pas son mal être et monta sur le télésiège tel un zombie. Son frère avait le don de lui foutre les chocottes, et n'avait donc pas hésité une seconde avant d'accepter son offre, ce dernier ayant été très persuasif. Elle se mordit la lèvre, étouffant un sanglot, sans s'apercevoir que Lexie s'était serrée contre elle. Elle s'était mise dans de beau draps, même le seigneur ne pouvait plus rien pour elle, il fallait ce faire une raison. Elle devait s'en sortir seule. Le problème était : Comment ? Devait-elle laisser les choses ce faire ? Ou tout dire à son amie ? Qu'est-ce qui était le pire : Faire face à Lexie, ou subir les tortures de son frère ? Si Athénaïs choisissait de lui dire, la protégerait-elle contre jumeau ou serait-elle ivre de colère ? Elle se posait tellement de question, imaginant d’innombrable scénarios. Pourtant, c'était toujours le même qui lui semblait être le plus plausible : Lexie lui faisant vivre le plus horrible des enfers, son frère jouissant de cette situation... Il fallait lui dire, temps pis pour sa vie, il fallait que son amie sache. Elle dégluti, la gorge prise dans un étau. Elle ne savait comment lui dire. La meilleure façon était de tout déballer sans articuler, peut-être ne comprendrait-elle pas... Elle tourna brusquement la tête, prenant une grande inspiration bruyante... Mais se ravisa, voyant la mine déconfite de Lexie. Fronçant les sourcils, elle interrogea la jolie brune. "Lé.. Lexie ? "

Plus l'on avançait et plus j'avais peur. Soudain Athénaïs respira bruyamment, ce qui en manqua pas de me faire sursauté. « Lé...Lexie ?»  Je me retournais vers elle, les sourcils froncés.« Respire pas aussi fort ! Tu m'as fais peur ! »  Râlais-je lui donnant une tape sur l'épaule, avant de me détacher d'elle. Une fois revenue à ma place initiale, soit : à quelques centimètres d'Athénaïs,  je regrettais déjà mon geste et rattrapais son bras pour me faire glisser lentement à ses cotés. Si j'avais pu : je me serais mise sur ses genoux. « J'ai peur du vide. » Avouais-je sans quitter des yeux les skieurs qui glissaient, quelques mètres plus bas, juste sous nos pieds. Soudain l'un de mes skis se détacha, tombant tout en bas. Enfin... j'avais l'impression d'être à plus de mille mètres d'altitude alors que l'on entamait tout juste la montée. Mais il n'empêchait que mon ski était tomber et il n'était pas question que je descende en cours de route ! C'était bien trop haut à mon goût ! Puis je n'allais certainement pouvoir redescendre la piste sur un seul ski. « Va le chercher. » Dis-je à Athénaïs, le plus sérieusement du monde. Après tout : elle était là pour ça.