Seul, devant une tombe, je pleurais. Ce cimetière abritait maintenant une des personnes qui avait été chère à mes yeux. Une petite fille qui avait été tout pour moi et qui maintenant était retourné à l'état de poussière. Petite sœur, t'aurais pas du partir. Non, c'est moi qui n'aurait pas du te laisser traverser la route à cause d'un pari stupide. Ou peut être que c'était la faute de cet homme qui ne s'était pas arrêté ? Je ne savais pas qui blâmer car au final, ça ne changerait rien. Toute cette haine n'était dirigé vers personne, se transformant ainsi en tristesse et transformant ma vie en un fardeau. Seul avec mes larmes, j'étais posté devant cette tombe, me demandant comment j'allais faire demain pour paraître heureux. Oui car demain on allait fêter mon anniversaire, demain était sensé être le plus beau jour de ma vie. J'allais avoir dix-huit ans et c'était supposé être mémorable. Cependant, cela allait aussi faire dix ans que tu n'es plus là. Et, honnêtement, je ne savais pas comment j'allais m'en sortir. J'ignorais que ma vie allait si mal tourner.

Fils de parents aux grands rêves, j'étais destiné à avoir une grande carrière, à faire des études brillantes, à me marier à quelqu'un de respectable et avoir une vie de famille jalousée. Seulement tout ne s'est pas passé comme ils le voulaient. A mes trois ans une petite fille est née, une perle. Là, notre relation s'est améliorée, on était proches car maintenant on avait un but commun : protéger ce petit bout de femme. J'ai tenu cette mission pendant sept ans, jusqu'à avoir provoqué sa mort.

« Emma attention ! » avais-je crié, mais cela était trop tard : la voiture l'avait heurté. J'appelais ma famille au secours, j'ignorais quoi faire, j'avais peur. Mes parents arrivèrent en courant avec mon frère, ma mère composant un numéro. Cinq minutes plus tard, une ambulance était là, un homme en accourut vers Emma, ma petite sœur. « Elle va s'en sortir ? » mon père demanda. Pas de réponse. Dix minutes plus tard on était à l'hôpital, attendant que ma petite sœur sorte. Mais cela n'est jamais arrivé, je ne l'ai plus jamais revu. J'avais juste entendu ma mère pleurer et mon père essayer de la consoler. Depuis ça, plus rien n'était comme avant, tout avait changé. Mes parents faisaient à peine attention quand je parlais. Ce jour là j'ai appris qu'on pouvait tout perdre en deux minutes. Ils suffisaient d'un pari stupide, de dire à sa petite sœur qu'elle ne pourrait pas traverser la route sans regarder pour que tout change, pour qu'un drame arrive. Et moi j'étais là, impuissant, à regarder le malheur que j'avais créé.

J'avais maintenant dix-neuf ans, un nombre fou de conquêtes et une réputation à tenir. Pendant des années j'avais espéré que tout ceci n'avait été qu'un rêve, j'avais espéré qu'elle était heureuse là où elle était et surtout cru qu'un jour je pourrais me pardonner. Elle hantait chaque minute de ma vie, me rendant triste et heureux à la fois. Je la voyais mais sans vraiment pouvoir lui parler. Certains disent que je suis dingue, ceux qui me connaissent pensent sûrement que ce n'est qu'un passage. Mais moi je sais. Je serais heureux dans mon malheur. Je serais nostalgique dans le présent, ne penserait jamais au futur. Mais surtout, je ne veux plus me blâmer alors j'oublierai cette tristesse dans les bras de toutes les femmes qui voudront bien de moi.

toi